Invité : Thierry Robinet
De retour en Indonésie avec Thierry Robinet, pour découvrir trois des petites îles de la Sonde. Le voyage commence avec l’île de Lembata, où l’on pratique encore la chasse à la baleine. Il continue avec Florès, qui émerveille par sa beauté sauvage, ses peuples et ses volcans. Il se termine enfin avec Komodo et ses fameux varans, ses paysages et spots de plongée parmi les plus beaux du pays.
Notes de l’épisode :
Situées à l’est de Bali, les petites îles de la sonde marquent la transition entre l’Asie et le Pacifique. L’île de Florès, l’une des plus connues, voit à l’ouest l’archipel de Komodo et à l’est une myriade d’îlots (Lembata, Adonara, Solor, Alor, Vetar, Romang, Nila, etc.).
L’île de Lembata
- La particularité de Lembata est que trois de ses villages – Lamalera et deux autres environnants – pratiquent encore aujourd’hui la chasse à la baleine en pleine mer. C’est une tradition ancestrale dans cette partie de l’Indonésie, qui est restée très chrétienne.
- Le dimanche, les gens n’ont pas le droit d’avoir des activités en mer, il est en effet interdit de se baigner, de pêcher, et de chasser la baleine !
- Dès le lundi, le gardien guette la mer pour y repérer les baleines bleues en migration (les plus grosses de leur espèce). Lorsqu’en arrive une, c’est l’effervescence dans le village : tout le monde se retrouve sur la plage et sort les barques. Une dizaine d’entre eux part en mer, en ramant sur des kilomètres au milieu des vagues.
- Une fois arrivés à hauteur de la baleine, quelqu’un se mettera à l’avant du bateau et, avec un simple harpon accroché à une ficèle, plongera au contact de la baleine pour le lui planter dans la chair. Il faudra s’y reprendre à de nombreuses fois, le chasseur risquant sa vie à tout instant. Le combat peut durer des heures, puis la baleine sera doucement tirée à la rame jusqu’au village. L’aventure aura parfois duré 24h… Une fois au village, les chasseurs seront accueillis en héros. Commencera alors la découpe de la chair en quartiers.
- Le meilleur moment pour se rendre à Lembata se situe entre le printemps et l’automne, à la période de migration des baleines. Les locaux accueillent bien le visiteur, qui pourra si le coeur lui en dit accompagner les villageois à la chasse.
- Le plus simple pour se rendre à Lembata est de prendre un ferry depuis Florès jusqu’à la ville de Lewoleba, puis de demander à être conduit à l’extrême sud de l’île au village de Lamalera, dans un bemo (petit véhicule à trois roues populaire en Indonésie). La distance est d’environ 25 km mais prendra 2 heures à être parcourue !
- Chasser la baleine est officiellement interdit en Indonésie, mais le gouvernement fait une exception pour Lembata, où les terres sont peu fertiles et où les gens dépendent beaucoup de la mer. Chaque année, ce sont deux à trois baleines qui sont ainsi chassées. Elles nourriront les habitants pendant des mois.
Florès, “l’île aux fleurs”
- L’île de Florès se situe à l’ouest de Lembata. Elle est assez grande puisque longue de 275 km d’ouest en est, de Larantuka à Labuan Bajo. Mais par la route, c’est environ 600 km de traversée à cause de très nombreux virages.
- L’île possède une nature très sauvage, parsemée de volcans en activité. C’est dans cette région que se trouve le triple point où se rencontre 3 plaques tectoniques, ce qui a donné naissance à une extraordinaire chaîne volcanique. Les volcans portent les noms de Lewotobi, Egon, Ebulobo, Inierie, Ranakah, Kelimutu…
- Le volcan Kelimutu est célèbre pour ses 3 cratères, comportant chacun un lac de couleur différente. Il est très actif et donc dangereux (on entend parfois des grondements), mais il est à visiter absolument car très facile d’accès. Pour s’y rendre, prendre la route depuis la ville de Maumere jusqu’à Moni (3 à 4 heures de trajet). La route monte presque jusqu’au cratère, et il ne reste que 20 minutes de marche pour arriver au sommet. Chacun des 3 lacs a une signification : le lac noir ou “lac du vieil homme”, le lac vert ou “lac de l’homme jeune”, et enfin le dernier lac qui change souvent de couleur (passant du violet ou rouge, noir, vert foncé ou clair…) ou “lac du devenir”. Ce phénomène est unique en Asie, peu de volcans ayant plusieurs cratères aussi rapprochés.
- Les peuples de Florès sont très particuliers en Indonésie. Ils sont davantage primitifs puisque nous sommes là dans une région plus pacifique qu’asiatique. Le faciès des gens change, davantagee mélanésien. Ils vivent dans des cases rondes avec des toits très hauts, un peu comme en Papouaise. Leur culture est rattachée au culte des ancêtres, de la terre et des esprits. Il y a aussi beaucoup de magie.
- Dans la région Bajawa vit le peuple Ngada, assez étonnant car vivant dans des villages-forteresses, similaire à ce que l’on peut voir sur les îles de Nias (nord de Sumatra) et de Sumba. C’est le “pays Ngada”. Il y a beaucoup de mégalithes (dolmens et menhirs). Les gens ont construit des villages-rues, car lorsqu’ils étaient attaqués par les villages adverses, ils pouvaient passer d’une maison à l’autre rapidement et ainsi faire front à l’ennemi. Tout le monde consomme du bétel, qui tient un rôle important dans la société. Certains villages sont construits aussi en étages. Autour du pays Ngada, il y a beaucoup de volcans, notamment le Inierie avec son cône parfait. Ces peuples sont restés cachés dans ces zones montagneuses et ont perpetué une tradition sans influence extérieure, qui est restée intacte. Dans un passé récent (années 1950), ils étaient coupeurs de têtes. Depuis, le Christianisme a fait son chemin mais l’animisme est resté à l’état pur. Ils accueillent bien les visiteurs et ne sont pas belliqueux, toutefois il faut faire attention à son comportement.
- On peut trouver à Florès parmi les plus beaux tissus de l’Indonésie, artisanat de valeur à ramener lors d’un voyage. C’est la tradition de l’ikat, que les femmes tissent dans les villages. On en trouve aussi dans les îles de Sumba, Savu et Roti. Les motifs sont harmonieux, chaque région de Florès ayant son propre motif. Les couleurs sont naturelles, à base de pierres, de terres et d’écorces d’arbres.Les ikats de la région de Moni sont très réputés. Quant au plus marché des ikats, c’est à Ende qu’il se trouve. Il rassemble tous les types d’ikats de Florès.
L’archipel de Komodo
- A l’ouest de l’île se trouve l’archipel de Komodo, classé réserve de la biosphère en 1977 et inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité en 1991. L’archipel est composé de myriades d’îles, aux paysages pelés avec des palmiers Lontar aux sommets des collines. Les couchers de soleil sont magnifiques dans cette région. Les plages sont de sable blanc ou rose (phénomène peu courant lié au corail rouge qui au fil des décennies vient se casser sur les plages et se mélanger au sable blanc).
- Pour s’y rendre, louer un petit bateau local au port de Labuan Bajo, à Florès. Ces bateaux, avec cabine ou non, sont faciles à trouver. Le petit port de Labuan Bajo s’est établi entre 2 communautés : les Bugis de Sulawesi et les Bajo de Sulawesi (les “gitans de la mer”), qui se sont installés dans cette partie de Florès.
- Il y a 2 îles qui sont importantes dans l’archipel : Rinca et Komodo (qui a donné son nom à l’archipel). Sur ces îles, on peut rencontrer le “ora”, nom donné par les Bajo à une créature préhistorique mystérieuse : le varan de Komodo (on en trouve aussi un peu à Florès). Il y en a environ 4000 sur ces 2 îles, et ils seraient en voie de disparition. L’animal a un mode de vie très particulier. La femelle pond 1 à 2 oeufs à la fois. Quand le varan naît, il s’échappe très vite sous peine d’être dévoré par sa mère. Pour échapper à ses autres prédateurs, le varan monte dans un arbre où il va vivre pendant 3 ans en se nourrissant d’insectes, geckos, lézards, petits oiseaux, etc. Quand il se sentira assez gros, il descendra à terre et mènera une vie normale. Le varan est carnivore et dangereux. Plusieurs personnes ont déjà été tuées (souvent des enfants), notamment dans le village de Kampung Komodo. Il peut sentir l’odeur du sang à 6 km. Il se nourrit de buffles, chevaux sauvages, sangliers, cerfs, singes, etc. Ses dent recèlent un venin mortel formé de millions de bactéries. Il tue sa proie en la mordant au jarret pour la relâcher ensuite. Au bout de quelques jours, la proie meurt de septicémie et c’est à ce moment que les varans reviennent en grand nombre pour la dévorer. Les varans sont de bons nageurs, et on suppose qu’ils se sont déplacés d’île en île, en passant au travers des courants sous-marins résultant du mélange entre les océans Indien et Pacifique.
- L’archipel de Komodo est l’un des meilleurs endroits pour plonger en Indonésie (avec l’archipel des Raja Ampat en Papouasie). Les fonds marins sont exceptionnels et il n’est pas rare de croiser des requins de corail, tortues, myriades de poissons multicolores, gorgones, nudibranches, etc. et ce même en masque et tuba (snorkeling). A Manta Ray Point, on peut voir des raies manta à 2 ou 3 mètres de profondeur. La meilleure saison va du printemps à l’été, où les courants sont généralement plus favorables. Pour profiter de l’endroit, le mieux est de louer un bateau et d’aller se perdre dans les îles, en dormant à bord.
Durée idéale pour un séjour
- Traversée de Florès : 5 jours
- Archipel de Komodo : 3 jours
- Pour un magnifique voyage à Lembata, Florès et Komodo : 2 semaines
Carte
Crédits
- Photo du volcan Kelimutu : michaeljesusday © via Compfight
- Photo du varan de Komodo : whl.travel © via Compfight
Un avis ou une question sur cet épisode ?
- Laissez un commentaire dans la section ci-dessous
- Remplissez le formulaire de contact
- Envoyez un email à contact@surlesroutesdelasie.com
- Envoyez-moi un message audio en cliquant sur "Enregistrer un message" visible à droite de cette page.
- Notez le podcast et laissez un avis sur iTunes. Cela m'aide beaucoup !
Ne ratez pas le prochain épisode !
- Abonnez-vous au podcast sur iTunes, SoundCloud ou via le flux RSS
- Aimez la page Facebook
- Suivez le compte Instagram
- Suivez le compte Twitter
- Inscrivez-vous à la newsletter (en haut à droite de cette page)
- BONUS : abonnez-vous à ma chaîne YouTube et suivez mes aventures en vidéo !